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L'Eglise impériale et les basiliques constantines

La période impériale ou byzantine antique débute avec Constantin, avec la Paix de l’Eglise en 313, et culmine au « Siècle d’or de Justinien ».

L’avènement d’un Empire chrétien autant que d’une Eglise impériale permet donc à chaque église locale de substituer aux temples païens des bâtiments cultuels répondant aux besoins des communautés en pleine expansion. La cité devient symboliquement chrétienne à travers ces bâtiments qui la dominent. Grâce aux processions extérieures, la cité devient en quelque sorte église.

Les bâtiments liturgiques chrétiens se répartissent désormais en plusieurs types bien distincts qui ne s’inspirent pas de la structure des temples. Ceux-ci n’avaient pour fonction que d’abriter l’autel et la statue du dieu en vue de solennités ponctuelles se déroulant surtout à l’extérieur du sanctuaire. 

Bâtiments liturgiques chrétiens

2.3 Eglise impériale

Au contraire, leur vocation étant d’accueillir autant le culte que ses fidèles, les édifices chrétiens, avant tout le baptistère et la basilique, s’inspirent des bâtiments civils du temps : thermes et basiliques civiles (destinées à accueillir la foule en présence de l’empereur ou de son représentant).

la Basilique 2

Dès le règne de Constantin, et sous son impulsion personnelle, l’Empire se couvre de basiliques. A Rome, avec Saint-Jean de Latran, Saint-Pierre, Saint-Paul-hors- les-murs, Sainte-Agnès-hors-les-murs, Saints-Pierre-et- Marcellin ; mais aussi à Jérusalem avec les basiliques de la Nativité, du Saint-Sépulcre et de la Résurrection ; à Constantinople, la première Hagia Sophia et la basilique des Saints-Apôtres ; les basiliques de Trèves, d’Aquilée, d’Epidaure, de Gerasa en Palestine, Castellum Tinginitum (Orléansville) en Algérie...

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A cet égard, le témoignage le plus impressionnant qui ait survécu de cette période du premier art chrétien impérial est sans conteste celui de Ravenne (Ve et VIe siècles), la capitale occidentale de l’Empire au nord de l’Italie à cette époque, qui reflète parfois déjà « l’âge d’or » de Justinien Ier. Il ne s’agit que d’une infime partie de ce qui dût être édifié alors.

Ces bâtiments reçoivent, toujours dès l’époque de Constantin, et ce de manière croissante, une valeur "théophanique".

Ils sont désormais un lieu « sacré » que souligne l’imagerie triomphale dont ils sont ornés.Une nouvelle relation s’établit entre les fidèles et la liturgie. Ils ne sont plus tellement les acteurs de cette liturgie que ses spectateurs. La basilique est son théâtre. 

Une nouvelle relation s’établit entre les fidèles et la liturgie. Ils ne sont plus tellement les acteurs de cette liturgie que ses spectateurs. La basilique est son théâtre. Dès Constantin, en effet, prend place dans les bâtiments liturgiques chrétiens une nouvelle iconographie triomphale du Christ, inspirée de la symbolique impériale. En premier lieu, c’est le symbole de la Croix glorieuse ou du Chrisme (le Labarum victorieux constantinien) qui domine la nef depuis la voûte sphérique de l’abside. Mais la figure qui apparaît dès cette époque, qui va la résumer iconographiquement, et qui continuera de dominer l’espace sacré jusqu’à aujourd’hui en Orient (jusqu’à la fin du Moyen Age en Occident), est le Christ-Dieu « qui maintient tout » : le Christ pantocrator, revêtu des insignes impériaux, au cœur d’une mise en scène iconographique inspirée de la liturgie céleste de l’Agneau de l’Apocalypse (Ap 4).

De même que le Christ (et son Eglise) reçoit le bénéfice des symboles de l’imperium romain, l’empereur peut se présenter comme l’image terrestre du Christ.

christ pantocrator

La basilique devient peu à peu une « église » et non plus seulement la maison de l’Eglise. Un sanctuaire de matière inerte devient un lieu où l’on doit faire une expérience privilégiée de la présence divine à l’instar du défunt Temple de Jérusalem ou des temples païens (et accessoirement une expérience de la présence de la virtus du ou des martyrs vénérés dans ces murs). L’Eglise accueille désormais toute la population, et non plus seulement quelques adeptes fortement convaincus.

 

Il est nécessaire de captiver un auditoire sans doute bienveillant mais pas nécessairement accroché. Le rituel doit le toucher sur le plan émotionnel, comme le faisait naguère les rituels polythéistes impériaux. Il s’agit de ressentir la transcendance associée au culte qui se déroule dans le bâtiment et donc au bâtiment lui-même.

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Basilique - Santa Sabina - Rome ©Dnalor_01/Wikipedia commens  

La splendeur monumentale et iconographique des basiliques reflète donc une liturgie dramaturgique qui met en scène l’irruption du monde divin dans le cosmos humain autour de la personne du Christ, l’empereur céleste (dont du reste l’empereur terrestre est l’image ici-bas ).

consécration de la basilique

Les chrétiens sont devenus les spectateurs d’une théophanie mise en scène par le clergé dans la bsilique, laquelle est désormais un espace sacré analogue à certains égards à ceux des anciens cultes, même si l’on continue de s’assembler en son sein contrairement aux temples.

Cette évolution de l’architecture des basiliques accompagne une évolution de la liturgie. Celle-ci n’est pus le rituel dépouillé, répondant aux besoins d’une élite fervente actrice collective des célébrations. Naguère, les chrétiens accordaient une large place à l’initation ainsi qu’au baptême ; ils envisageaient donc l’eucharistie comme l’approfondissement de cette initiation. Désormais, l’eucharistie dominicale est une dramaturgie complexe dont les fidèles sont les spectateurs et qui accapare dans une large mesure l’énergie du clergé. Elle va se baser de plus en plus, elle aussi, sur la symbolique de l’adventusen se structurant autour de plusieurs processions figurants la manifestation ici-bas de l’avènement céleste du Christ.

C’est ainsi qu’un rituel de consécration de la basilique va peu à peu se mettre en place.

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